Fédération de la Haute-Vienne de la Libre Pensée

Pourquoi refuser le service national universel ?

  • 5 juillet 2023

    Historique du Service National Universel :

    Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de l'élection présidentielle de 2017, le service national universel a été confirmé en tant que chantier du mandat présidentiel à l'occasion des vœux du président de la République aux armées le 23 janvier 2018. Le SNU ambitionne, selon la communication du Gouvernement, de proposer « un moment de cohésion visant à recréer le socle d'un creuset républicain et transmettre le goût de l'engagement », d’« impliquer la jeunesse française dans la vie de la Nation » et de « promouvoir la notion d'engagement et favoriser un sentiment d'unité nationale autour de valeurs communes ».

     Le 29 mars 2023, Emmanuel Macron annonce renoncer à rendre le SNU obligatoire pour tous les jeunes. L'idée de la généralisation et de l'obligation du dispositif n'est cependant pas oubliée, et le projet demeure dans le programme du gouvernement Macron pour la suite de son quinquennat.

    La généralisation aux classes de seconde pour 2023/2024 :

    Jeudi 15 juin 2023, le ministre Ndiaye, et la Secrétaire d’État à la Jeunesse El Haïry, ont reçu les organisations syndicales en vue de présenter le SNU nouvelle formule, qui doit être généralisé via une intégration au temps scolaire en lycée dès la rentrée 2023.

    La Secrétaire d’État a exposé ce « dispositif d’engagement volontaire » pour l’année 2023 – 2024 :

    • Les jeunes qui le souhaitent pourront réaliser un « projet pédagogique autour de l’engagement » dans divers domaines en lien avec le socle commun (devoir de mémoire, transition écologique, sports…) ;

    • Des séjours de cohésion, de 12 jours en classe de seconde et de 1ère année de bac pro, sur temps scolaire, seront organisés durant le 1er semestre sur la base des projets pédagogiques retenus au terme d’un appel à projets ;

    • Ces séjours se dérouleront dans des centres de cohésion permanents où les élèves, et les personnels les accompagnant, seront accueillis par des encadrants (issus des corps en uniforme ou de l’éducation populaire, ou encore de l’éducation nationale).

    Une opération de soumission de la jeunesse :

    Il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes… Règles et normes qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de tous les jeunes de 16 à 25 ans ; on sait comment ce genre de fichier peut être utilisé ! Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît, comme « engagement » des jeunes, que les dispositifs étatiques.

    La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses :

    Les jeunes du SNU seront utilisé/es pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employé/es qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800 000 jeunes seront exploité/es, sans aucun de ces droits, pour des durées variables ; ils et elles seront très vivement encouragé.es à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.

    Le renforcement de la militarisation :

    Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando, etc., contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde. Sans surprise, il n’est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.

    Les dérives du SNU, quelques exemples :

    Nous tenons à affirmer notre opposition à la mise en œuvre du service national universel !

    Imposer le SNU à toute une classe d’âge s’apparente à une volonté d’enrégimentement de la jeunesse. Marcher au pas habillé en uniforme, assister à une levée de drapeau en chantant la Marseillaise, ne sont pas des mesures éducatives ou un apprentissage du "vivre ensemble", mais montre bien la volonté de soumettre des adolescents à une vie de caserne et la société à la militarisation et au nationalisme.

    Ce n’est pas ainsi que l’on forme des individus responsables, éclairés et critiques qui seront capables de faire face aux crises climatiques, économiques et politiques à venir. L’inculcation, à toute une classe d’âge, au travers d’un séjour de douze jours dans le cadre scolaire, de valeurs qui encouragent l’obéissance et brutalisent les rapports sociaux, est en contradiction avec la mission émancipatrice de l’École.

    Il est inacceptable que des centaines de millions d’euros soient consacrés au SNU (et peut-être bientôt plusieurs milliards, s’il devait être généralisé), alors que l’école vient de subir une vague de suppressions de 1 500 postes à la rentrée 2023, sur de seuls arguments comptables.

    Le gouvernement doit renoncer définitivement à la généralisation du SNU sur le temps scolaire.

    Un collectif corrézien contre le SNU vient de se créer. Il appelle d'ores et déjà à un rassemblement devant les services de l’Éducation Nationale le 7 juillet. Il nous faut imaginer maintenant agir pour en créer un également en Haute-Vienne et enclencher des actions contre sa généralisation en classe de seconde dès la rentrée.

    Henri Vacher